mardi 8 avril 2025

Houppier gris opaque

 Ce matin je me suis réveillée avec en tête l'image d'un tableau.

Cela m'arrive parfois, mais le plus souvent, je rêve d'expositions entières, et je n'arrive pas à me souvenir de tout, seul demeure, au réveil, l'éblouissement.

Ce matin donc, j'ai vu en rêve un tableau de format carré, pas très grand, peut-être 30cm x30 cm. Il représentait une forêt vue du dessus, une canopée. Il y avait quatre arbres en boules, gris opaques et derrière eux, deux houppiers (j'aime ce mot) d'arbres de couleurs automnales, dans les tons bruns chauds, orangés, marron de perylène. Et c'était beau.

Immédiatement, mon esprit sortant de cet état ensommeillé, je pensai à écrire, décrire ce tableau entrevu en rêvé (son souvenir s'effaçait déjà), et je fus confrontée à la difficulté de décrire un tableau, à la pauvreté de la description que j'allais pouvoir en faire.

Je me souvins alors d'un mémoire qu'une de mes élèves (parmi celles qui m'accompagnent quasiment depuis mes débuts comme prof), avait écrit. Il s'agissait de mettre en regard la pratique du yoga avec celle de l'aquarelle. Ces deux pratiques requièrent en effet, pour certains, une capacité à atteindre un état méditatif, un lâcher prise, où la main, ou le corps, se meuvent sans effort dans un élan immatériel.

Certes, décrire un tableau avec des mots qui susciteront un émoi chez les lecteurs, est un talent rare, tout aussi rare que celui d'un peintre capable de susciter un émoi chez son regardeur.

D'un seul regard l'accrocher à cette pièce de papier, faire en sorte, (rêvons encore un peu), qu'il (elle) l'emporte sous le bras et l'installe dans son -intérieur- (quel joli mot), que ce soit matériellement , ou pas.

On peut en effet emporter le souvenir d'un tableau, tout comme on peut garder en soi, le rêve d'un tableau.

Le tableau perd alors complétement sa matérialité. Il est allégé de tout poids, et devient immatériel.

Un peu comme on se souvient d'une musique ou d'un parfum, ou même d'un goût. (ah, la cuisine de maman…)

Je me souviens d'un tableau d'Ewa Karpinska, il s'agissait d'un tableau intitulé "le vol du martin pêcheur" vu au regretté salon de Saint Laurent sur Gorre. Peut-être à la lecture du titre, vous aussi vous en souvenez vous ? Alors, nous le partagions, sans le savoir ?!

Un tableau oscille donc entre sa matérialité et son immatérialité.

Quand il veut le peindre, il faut que le peintre l'extraie de son esprit, qu'il ait assez de talent pour le retranscrire sur sa toile ou quelle que soit la surface disponible. Il faut que quelqu'un d'autre le voie.

Mais je vais trop vite comme toujours.

Me voilà donc devant la toile blanche, ou mon carnet de croquis, avec l'idée de ce tableau, ce houppier gris opaque dont le souvenir flotte encore en moi, qu'est-ce qu'il se passe ensuite ?

Eh bien je pense que si j'étais dans la nature et que je voyais cette image qui déclenche en moi l'envie de peindre, je ferais tout à fait la même chose : je regarderais.

En fait, je regarde le souvenir de ce houppier gris opaque en moi.

Je le regarde et c'est un peu comme si je le voyais.

Parce que je l'ai vu, j'ai emmagasiné cette image, peu importe d'où elle vient, il s'agit peut-être du souvenir inconscient d'un tableau que j'ai vu quelque part. On ne sait pas d'où viennent les tableaux.

On sait juste que lorsqu'on les aime, on ne peut pas s'en détourner, ou, du moins, on ne peut pas les oublier.

Il m'est arrivé aussi d'être en admiration, à mes débuts, devant l'aquarelle de quelqu'un que je considérais à l'époque comme un maître. Des années plus tard, lors de la parution d'un livre, je retombe sur cette image, que j'avais tant aimée, et dont je gardais un souvenir ébloui…

Quelle terrible déception ! Le tableau me sembla alors d'une pauvreté, d'une indigence terrifiante.

Le tableau n'avait pas changé, moi, si.

Mon regard avait changé.

Mon exigence avait changé.

Et je n'aimais plus cette aquarelle.

Il en est de même pour mes projets de tableaux. Je les porte en moi, et s'ils résistent à l'usure des souvenirs, si mon énergie est dirigée vers leur réalisation, alors ils peuvent espérer émerger sur un bout de toile.

Ils sont immatériels longtemps. Parfois ils meurent en moi avant de naître.

Il faut, pour la naissance d'une peinture, le temps, le bon tempo, le moment suspendu.

Il faut pouvoir lui accorder tout son temps.

Il faut s'y consacrer.

La naissance d'un houppier gris opaque tient alors du miracle. 






vendredi 21 février 2025

Deux stages d'aquarelle en vue ce printemps

  Cette année, je vais ouvrir les portes de mon atelier de Cornebarrieu à deux artistes. En mars il s'agira d'André Méhu, peintre breton, dont j'aime particulièrement la touche et le sens des couleurs, et en mai Dario Percy Ccallo nous fait l'immense plaisir de revenir pour une deuxième session.

Aquarelle de Dario

Les deux stages sont en principe bouclés mais un désistement de dernière minute pouvant toujours survenir n'hésitez pas à me joindre pour vous inscrire sur liste d'attente.

Si vous vous inscrivez dans ma liste de personnes intéressées par les stages, vous aurez potentiellement davantage de chances d'être retenu(e) une prochaine fois.

En général je prête l'atelier pour des stages à des peintres de mon choix environ deux fois par an.





Pour tout renseignement : 06 13 57 36 91

Ou : ateliergladis@hotmail.fr






mercredi 5 février 2025

Pourquoi je peins (encore) à l'aquarelle




L'aquarelle est la peinture où il faut le plus regarder, et attendre, attendre patiemment qu'elle fasse le boulot.
C'est la peinture la plus imprévisible, ou du  moins celle qui réserve toujours quelques surprises, même aux plus aguerris: on n'est jamais à l'abri d'un résultat au delà de nos espérances.
Comme toutes les peintures l'aquarelle est silencieuse, c'est pourquoi parler d'elle parait tellement absurde. On serait tenté de dire (très doucement), mais regardez la, regardez là, tout est dit, non ?
Avec l'aquarelle on n'a pas besoin de trouver un sujet de conversation : tout est aquarelle.
Tout se transcrit avec elle, à travers elle, nos émotions, nos admirations, nos obsessions, tout.
C'est aussi la peinture la plus naturelle : des pigments broyés en poudre, de la gomme arabique, un peu de glycérine, de l'eau. On ne peut bien sûr pas la boire (dommage) mais on peut la respirer sans gêne, c'est déjà ça. 

Alors, avec elle je ne m'ennuie jamais.
Avec lui, non plus.








vendredi 13 septembre 2024

NOUVEAU COURS AQUARELLE mercredi après-midi

 J'aurais voulu mêler relaxation & aquarelle, mais force est de constater que ce n'est pas si évident.  

le cours du mercredi après-midi est le petit nouveau de l'année, il se fait encore en petit comité, trois ou 4, 5 ou 6 maximum. C'est idéal pour débuter. 

Plusieurs élèves viennent de Toulouse ou de Blagnac et le covoiturage s'organise bien grâce à notre groupe WhatsApp.

Les sujets sont, comme toujours, présentés en pas à pas, il s'agit de travaux d'après photos, ou bien de copies, cette année nous avons peint d'après Arthur Melville. Les peintres "anciens" ont plus d'une astuce à nous enseigner, et bien ridicules sont souvent les aquarellistes d'aujourd'hui qui croient naïvement avoir découvert quelque chose de nouveau…Tout au plus redécouvrons nous parfois (par hasard ? ) des techniques ou des préceptes oubliés !

Avec des bases solides, vous serez surpris d'aller explorer une technique infiniment riche et déroutante.

Si vous le souhaitez néanmoins je peux vous montrer  quelques exercices de relaxation particulièrement adaptés à la réalisation de la pratique picturale. En effet la décontraction musculaire ainsi que la gestion du souffle et la mise au repos du mental sont des éléments importants pour parvenir au lâcher prise que nous recherchons parfois en vain. Ce lâcher-prise nous aidera à renoncer à un résultat parfait (et correspondant à un schéma mental rigide). Les moments passés ensemble à élaborer une peinture qui tient la route mais aussi qui peut nous révéler à nous-mêmes et nous surprendre, resteront gravés dans votre mémoire, et vous aideront à aller plus loin. 

Si vous êtes intéressé par ce challenge, n'hésitez pas à nous rejoindre !


LE MERCREDI de 14h15 à 16h45 HORS VACANCES SCOLAIRES

A Cornebarrieu : 18 BIS avenue de Versailles 31700



Pour tout renseignement : 06 13 57 36 91

Ou : ateliergladis@hotmail.fr