dimanche 30 août 2020

Transparence de l'aquarelle et jus de chaussettes

 

Ça fait un petit moment que je n'avais pas jeté de pavé dans la grande mare de l'aquarelle amateure, alors je me suis dit que ça pouvait être bien de faire quelques petits rappels- qui n'engageront que moi-. 

Je vois beaucoup d'aquarelles qui circulent sur le web, à notre époque où tout un chacun peut demander implicitement à de grandes firmes de stockage de données de conserver précieusement leurs "œuvres" publiées sur le web,il faut bien le dire: on voit tout et n'importe quoi. Tant et si bien que les critères d'appréciation -toujours très troubles et très circonstanciés- sont de plus en plus flous. 

Nonobstant, il est bon de rappeler que la transparence de l'aquarelle n'a rien à voir avec ces espèces de jus de chaussettes à propos desquels nombre d'aquarellistes en devenir semblent s'extasier.

Oui, on peut faire plus que trois glacis sur une aquarelle sans boucher celle-ci.

Non, une aquarelle transparente n'est pas une aquarelle de tons clairs.

Oui, on peut multiplier les coups de pinceaux sur une aquarelle.

Non, une belle aquarelle n'est pas forcément "légère" ni "vite faite".

Oui, on a le droit d'aimer des petites aquarelles sans prétention.

Non, je ne renoncerai pas à en demander davantage à un/e aquarelliste digne de ce nom.

Oui, on peut se faire plaisir en publiant sa modeste production.

Non, je ne renoncerai pas à exiger la qualité pour les expositions.

Je pense qu'on manque, comme à la fin du XIXème siècle, toujours très cruellement de culture picturale en aquarelle. Rares sont les personnes qui cherchent à bien connaître leur matériel: le broyage des pigments, les propriétés des liants, la particularité de la fabrication des papiers etc...

Rappelons donc que la TRANSPARENCE de l'aquarelle c'est la capacité plus marquée de certains types de pigments à laisser la lumière se répercuter sur le blanc du papier. Une aquarelle faite avec des tons foncés peut donc (et je dirais même doit) être tout aussi transparente qu'une aquarelle de tons clairs.

Densifier un pigment dans l'eau de façon à rendre le mélange eau/pigment crémeux n'est pas interdit.

Ce qu'on appelle parfois "gouacher" c'est épaissir le pigment jusqu'à le rendre opaque. Cela peut aller parfois jusqu'à former une pellicule brillante sur le papier comme si on avait posé le pigment tout droit sorti du tube. Que cette pratique soit admise ou non, j'aurais tendance quant à moi à dire : peu importe pourvu que le résultat soit à la hauteur de ce qu'on peut espérer d'une bonne peinture.

En tout cas, peindre avec du "jus de chaussettes" pour moi, n'est en rien un gage de réussite en ce qui concerne l'aquarelle. Je ne vois là qu'une pratique peu audacieuse et timorée, et je ne souhaite pas que cela soit confondu avec de la douceur ou de la délicatesse.

Qu'est-ce qu'une bonne peinture ? cela reste un mystère et c'est cela qui est bon et beau, et vrai.





Blanche Odin















2 commentaires:

  1. Nathalie, ma réflexion après la lecture de ton post...
    La transparence de l’aquarelle c’est la recherche de sa propre lumière à travers ce médium. C’est à la fois la quête d’une vie et par moments un de ces bonheurs que l’on capte sur l’instant présent.
    Parler de la transparence de l’aquarelle c’est comme parlé du tanin d’un thé, certain l’aime juste infuser, d'autres laisse le thé dans leur « cup » jusqu’à plus d’heure.
    Le regard que l’on porte sur « les » aquarelles est fait de notre propre culture, savoir et expérience, c’est notre singularité qui nous fait aimer et comprendre. On ne peut pas détacher l’aquarelle de l’art, la culture artistique sert à sa pratique et lycée de Versailles. C’est ce postulat qui m’a toujours guidé dans la transmission de ce médium
    Nous pouvons expliquer, rabâcher, expérimenter, et même au besoin exposé, mais rien ne remplace l’œil et la lecture personnelle de l’œuvre. Cela demande, un, des efforts et surtout une dose de patience infinie.
    Les historiens, critiques et autres « sachant » qui, par leurs rhétoriques nous donnent « leur vision de ce que devrait être l’art en matière de manière, de représentation, de technique, etc.… castre la création et l’élève à un niveau inatteignable pour le commun des mortels, alors que la création est en chacun et chacune et que chacun peut à un moment de sa vie réaliser son chef-œuvre.
    Il n’y a pas besoin d’une production à la Picasso pour se réaliser en arts, une petite aquarelle faite un matin d’hiver dans un état dépressif, dans une chambre mal éclairée et sans chauffage dans une contrée reculée, loin de tous, pour réaliser l’aquarelle parfaite…et encore sur un mauvais papier et du jus de chaussettes…( bon ! là je fais fort… ) .
    L’intérêt de l’aquarelle c’est l'expérimentation perpétuelle, celui ou celle qui se contente de son savoir ou de sa manière reste comme le disait Picasso : « un artiste découvrant un sceau et qui toute sa vie fera des pâtés;
    La technique n’est pas un support de création, elle l’accompagne. Celui qui maitrise l’eau et les pigments, la transparence et l’opacité, le support et le séchage, le geste et la manière, n’en sont pas pour autant un créateur… Il lui faut une dose de folie, de rêve, d’inhibition, de frustration, de nuages, d’autisme, d’enfance, de bonheur, de salade composée, de perdrix et de cubes à images…la liste n’est pas exhaustive…
    Dominique, vieux con…

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  2. Oui :)(je n'ai pas compris "lycée de Versailles" mais pour tout le reste oui, bien sûr.

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