mardi 24 mai 2022

Compte rendu du stage avec Nicolas Lopez




 Nous l'attendions impatiemment, et ces deux jours ont été bien sûr un peu courts pour profiter de toute l'étendue des talents de Nicolas.

Deux jours partagés m'ont permis de découvrir un peu sa vie, il nous a parlé de sa formation comme professeur d'art durant 5 ans au Pérou, puis à nouveau cinq ans de spécialisation dans une école d'aquarelle ! Oui ! Vous avez bien lu, il existe au moins une école d'aquarelle au Pérou ! Ne nous étonnons plus alors si tant d'artistes de là-bas nous enchantent ! Nous sommes décidément bien à la traîne ici en France pour la formation des jeunes générations !

La palette de Nicolas est constituée de plusieurs nuances de noirs de la marque Daniel Smith dont il est l'un des ambassadeurs. Vous pourrez trouver le set de cette marque contenant les principales couleurs qu'il affectionne. Par ailleurs il peut ajouter ceci ou cela. Chez lui il fait des recherches avec des minéraux de son cher Pérou pour faire sa propre expérience des pigments, qu'il fabrique dans son four. L'année prochaine, il projette de rédiger un livre que nous attendons impatiemment, et dans lequel nous irons j'en suis sûre, de découvertes en découvertes !

Ci-dessous la palette …ou le chaudron ? ;) On pense aussi bien sûr aux pierres à encrer …

Seule une grande habitude lui permet après quelques coups de pinceaux de s'y retrouver encore et de récupérer si besoin ici un vert et là un bleu …Ne rêvez pas: dans ces conditions aucun jaune ne résiste !

La technique de Nicolas semble assez rapide à résumer à première vue. Ce n'est pas un secret : beaucoup de son style singulier repose sur l'utilisation quasi exclusive des pigments sédimentaires, et les ravinements qu'ils produisent permettent à ses aquarelles des effets toujours impressionnants de spontanéité.

La pulvérisation y joue un rôle important. Ici votre pulvérisateur devient un outil primordial, il faut apprendre à s'en servir avec une grande subtilité, l'appui sur la gâchette, la distance de pulvérisation, la longueur des jets, leur intensité, le nombre de coups de pulvérisateurs dirigés ou pas au même endroit, tous ces gestes, à maîtriser et à conscientiser, apportent des nuances infinies aux effets produits.

Trop peu d'eau il ne se passe pas grand chose, et trop d'eau, les pigments sont noyés dans une flaque informe.

Trop sec le pigment peut certes être remouillé, mais l'effet n'est pas équivalent à une pulvérisation en amont qui permet une belle diffusion des pigments.



Les pinceaux peuvent eux aussi déconcerter. Si Nicolas possède quelques pinceaux synthétiques, et de type haké japonais,  de la marque Herend (introuvables en France, ces pinceaux sont coréens, j'ai vu qu'on pouvait parfois en trouver à la manifestation annuelle d'aquarelle de Fabriano, ou sur des sites espagnols), il aime tout autant utiliser des pinceaux de bricolage et il les martyrise sans égards en les écrasant par ci, par là !

Les gestes sont le plus souvent vifs et sans repentir. Cette spontanéité est une clé pour obtenir des aquarelles fraîches et vivantes ! Là aussi une pratique de la calligraphie peut aider.




L'inclinaison du papier, et laisser faire le travail par l'eau, sont aussi deux éléments fondamentaux de sa méthode . Nicolas insiste beaucoup sur la sincérité du papier, pour cette raison il préfère la cellulose qui retient moins les mouvements de l'eau que le coton.








Les deux jours ont été très différents. 

Le premier jour, Nicolas nous a expliqué les grandes lignes de sa méthode de composition, en un mot : épurer.

 Et ce n'est pas peu dire, car d'une photo où plusieurs éléments pourraient distraire l'attention, Nicolas n'en garde qu'un, en fait sont point focal, y concentre le  plus de contrastes possibles (valeurs, graphismes, couleurs …) et brode autour habilement avec les propriétés spectaculaires des pigments sédimentaires de la gamme Daniel Smith. Les couleurs disparaissent quasiment complètement, ou en tout cas, elles ne sont absolument plus nécessaires à l'interprétation du sujet. 

Pour ce qui est des informations de la photo d'origine voyez par vous-même : d'un lotissement il reste quelques toits, d'une pelouse, il conserve l'espace, d'une série de lampadaires n'en subsiste qu'un.



Avant ...

Après ...


Ci-dessous un détail d'une autre démonstration.

  

Le deuxième jour, c'est l'imagination qui a pris le pouvoir et après avoir laissé nos mains se mouvoir au hasard sur des tout petits formats, nous avons tenté d'en dégager un sujet convaincant, ce qui n'était pas une mince affaire !


Voici quelques-uns des premiers jets réalisés par les stagiaires :










Ensuite il faut tenter de lire dans les nuages comme le faisait Léonard de Vinci !!


J'ai enfin eu la chance de pouvoir demander à Nicolas son aide afin d'améliorer la composition d'un tableau que j'avais réalisé d'après une photo prise au Laos. 
Là aussi une grande simplification, en supprimant la plupart des bâtiments sur ce sujet, la focalisation sur la maison sur pilotis à gauche grâce au pignon laissé entièrement blanc, l'intensification des reflets dans l'eau ont contribué à donner de l'intérêt à ce sujet.


Merci Nicolas !! Merci à tous les stagiaires !! Voici une saison de #stages qui commence sur les chapeaux de roue (et de soleil) !!!
















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Tous les commentaires sont modérés, laissez le vôtre !